Retour d’expérience : ce que nous avons retenu de la tournée automne - hiver

De Québec à Rabat, en passant par Abidjan et Paris, Les Productions Nuits d’Afrique ont promené leur Laboratoire collectif La Percée sur les routes de la Francophonie.
Que se soit à RIDEAU, au MaMA Music et Convention, au Marché des Arts du Spectacle Africain d’Abidjan (MASA), à Visa for Music ou encore au Sommet de la Francophonie, une même question revenait : comment faire rayonner la riche diversité des musiques francophone sur les plateformes de streaming ?
Partout le même constat
Qu’ils soient artistes hip-hop marocains, membres du réseau Zone Franche ou acteurs culturels ivoiriens, tous partagent le même constat : leurs contenus émergent difficilement sur les plateformes.
Les personnes rencontrées souhaitent :
- plus de transparence sur le fonctionnement des algorithmes ;
- l’accès pour le public à une diversité d’expressions musicales ;
- une rémunération plus juste des artistes.
Ces voix convergentes rappellent à quel point il est urgent d’agir et rappellent la richesse exceptionnelle de la Francophonie : une immense diversité de langues et de genres musicaux s’y entremêlent. Mais cette richesse n’a de sens que si chaque citoyen de ces territoires peut y accéder librement…
Des pistes de réflexion issus des entretiens
- Diversité musicale : un avantage concurrentiel pour les plateformes
Offrir aux auditeurs une plus grande diversité d’esthétiques, de genres et d’artistes peut devenir un argument commercial puissant pour les grandes plateformes. Tous les auditeurs rencontrés le disent : ils veulent plus de diversité musicale ! - Une vision rassembleuse de la Francophonie
Artistes, élus et citoyens veulent promouvoir les œuvres francophones face au flux de contenus anglophones dominant. Dans cet élan, n’oublions pas celles et ceux qui chantent en langues minoritaires : ils appartiennent à l’espace francophone et méritent la même visibilité. - Le choix des mots compte
Les algorithmes s’appuient sur le sens des mots et le contexte pour recommander. Décrire précisément les œuvres lorsqu’on les met en ligne (titres, métadonnées, biographies d’artiste…), c’est reconnaître à la fois leur singularité mais aussi permettre aux machines de les repérer et de mieux les recommander. - La découvrabilité, ce n’est pas qu’une question de données
Les plateformes et les algorithmes ne portent pas seules la responsabilité de l’uniformisation de nos écoutes : il faut nourrir la curiosité du public. Cela passe par une présence accrue de musiques diversifiée à l’école, dans les médias, les lieux de création et les salles de concert. Plus les auditeurs deviendront acteurs de leurs découvertes, plus ils tireront parti des vastes catalogues en ligne.
Et maintenant ?
- Les acteurs des territoires francophones que nous avons rencontrés entendent unir leurs forces et défendre, d’une seule voix, des règles qui imposent aux plateformes de valoriser cette pluralité culturelle plutôt que de la diluer. Cette volonté d’agir à donner vie à un Plaidoyer pour une meilleur découverte des musiques du monde francophone, de leurs cultures et de leurs langues. Ce texte a été publié sous forme de lettre ouverte dans Le Devoir le 22 mai 2025, à la veille de la 5e Conférence des ministres de la Culture de la Francophonie à Québec. Il interpelle l’ensemble des acteurs concernés pour préserver, promouvoir et faire rayonner, dans l’environnement numérique, la riche diversité des expressions musicales émanant des pays de l’espace francophone.
- Rendez-vous également cet été aux Rencontres professionnelles de La Percée qui se dérouleront du 16 au 18 juillet 2025 pendant le Festival International Nuits d’Afrique pour continuer à débattre autour des enjeux de découvrabilité, d’IA et de diversité musicale.
- Enfin, tous les témoignages recueillis feront l’objet d’une série documentaire audio qui sera mise en ligne cet hiver, et diffusée dans toute la francophonie.